POÉCLIC 2022...
des poèmes qui (d)étonnent !
Une cinquantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre concours et enthousiasmé.e.s par le travail réalisé avec nos élèves, ont, cette année encore, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour nos élèves, de la maternelle à la terminale, des poèmes respectant les habituelles contraintes de notre concours.
Pour l’écriture de leur(s) poème(s) offert(s), les poètes qui ont répondu à notre invitation ont respecté les deux contraintes habituelles de l’opération Poéclic :
-
celle de la brièveté (avec l’idée de s’inscrire dans la tradition croisée du haïku et du tweet - 140 caractères) ;
-
celle de l’intégration, dans le poème, d’au moins un des « dix mots qui (d)étonnent : décalé, ébaubi, médusé, saperlipopette, farcer, kaï, divulgâcher, tintamarre, époustouflant, pince-moi.
Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
(D)ÉTONATION.S
DES POÈMES POUR NOUS ÉTONNER SUR TOUS LES TONS
CINQUANTE POÈTES POUR L'AMÉRIQUE LATINE
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires
proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...
Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs auteur.e.s.
Pour plus d'informations sur les auteur.e.s rendez-vous sur la page POÈTES PARTENAIRES...
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Joëlle ABED
J’aime beaucoup Patti Smith
mais ce n’est pas le sujet
j’ai le doigt majeur qui saute
je fais tomber beaucoup de choses
ça fait beaucoup de bruit
j’ai la maladie Saperlipopette 1
depuis hier soir
j’ai aussi l’oeil gauche qui saute
c’est la maladie Saperlipopette 2
toutes les larmes s’écrasent au sol
ça fait un grand silence
comme lorsque Patti Smith chante
Cécile A. HOLDBAN
ORANGES CRÉPUSCULAIRES
Voyage, mains sur l'écorce, dans le sillage des vaguelettes, des vaisseaux médusés, sur une mer silencieuse de fruits.
Le soir tombe, la sphère est une énigme enfermée en son éclat. On ne déshabille pas les mystères. La chair s’enrobe de son rêve. Le parfum de chaque forme est unique.
C'est le langage des anges, le bonheur solaire, dont l’obscurité veut engourdir l’appel. Courbes d’oranges, galaxies, parmi lesquelles on épelle la lumière, un or qui s’éveille.
Isabelle ALENTOUR
Quand on sera jeune, tu veux
on ira danser
comme l’enfant
se trémousse
ravi
au son du
tintamarre
de la première cigale
Jacques ANCET
Médusé il voit
surgir un soleil de sang
au bord de ses yeux
*
HÏKONTINES
Saperlipopette
crie-t-il mais qu’est-ce qu’on entend ?
Sapeur lit poète ?
J’me barre, dit-il,
marre de ce tintamarre,
démarre dar’ dar’
Silvaine ARABO
Chante en abîme
toi qui ne reviendras pas
que n’éprouveront plus jamais
les plumes jetées en l’air
ni la légèreté du sommeil
O mon bel arbre d’oiseaux brisés
quel tintamarre !
Chante o toi chante
et n’imagine rien
au-delà de mes mains.
Samantha BARENDSON
Ici
je suis hors du récit métropolitain
(bagnoles, fatigue et pollution)
dans un tintamarre nocturne
appelé silence
*
Je veux rêver debout
rouler à contre-sens
retrouver l’émerveillement
reprendre le chemin de l’enfance
pince-moi
*
Ici
je nage entre les étages
vertige d’une ville verticale
le ciel absent ou décalé
du gris encore du gris
*
Je veux croire aux levers des jours
qui rendent les songes
ordinaires
et les lendemains
époustouflants
*
Ici
j’interromps le temps qui coule
les vagues automobiles
les sirènes les klaxons
les regards médusés
*
Je veux me fier
aux apparences
saisir les audaces clandestines
divulgâcher le prévisible
et rire
*
Ici
je marche entre les lignes
la ville aux trottoirs de béton
les piétons ébaubis
le feu qui passe au vert
Je veux me souvenir
de l’insouciance d’avant
(farcer, rire, recommencer)
avoir de nouveau l’âge
de l’abandon heureux
*
Ici
je marche dans les pas
des chiens errants, kaï
sans but et sans horaire
nomade et urbaine
*
Je veux gronder comme la tempête
ni polie ni parfaite
ne pas dire saperlipopette
dire merde
tout simplement
Jean-Marc BARRIER
Dans la pierre le puits
dans l’insecte l’oubli
mais la graine parle une autre langue
où la mort est enclose
: le temps converge
l’oiseau est une colonne
médusé je nais chaque jour
Catherine BÉDARIDA
pour les enfants de l’autre côté du monde
par le côté
un mot de secours
se glisse
sous la peau médusée
le mot serpente
chacun à l’intérieur
porte un mot de secours
qui avec les doigts
se déplie
avec les doigts doucement
Albertine BENEDETTO
Trois poèmes à farcer
Pince-moi
dit Orion au scorpion
décalé sans répit
dans le céleste hivernal
*
Si j’étais
un dieu époustouflant
saperlipopette
j’en ferais du tintamarre
je pousserais mon kaï
sans vergogne
pour l’éternité
*
Là-dedans entends
la chamade
le coeur qui tintamarre
quand
je/tu
nos visages s’approchent
médusés
comme ébaubis
d’une telle coïncidence
Yves-Jacques BOUIN
Ne divulgâche rien d’un simple bavardage
Murmure ton secret au creux de mon oreille
Que je puisse en un mot divulgrandir d’amour
*
Non ne révèle rien qui divulgâcherait l’aventure de vivre.
Divulgrise mon cœur de vraies paroles d’espoir,
qu’ainsi je continue à questionner la joie
des jours après les jours.
*
C’est époustouflant ! Le poème plein d’humour a glissé de son livre.
En tombant s’est brisé.
Quel tintamarre !
Le monde entier en fut bouleversé
-
C’est épous/
touflant !
Le poème plein d’hu/
mour
a glissé de son livre
En tom/
bant s’est brisé
Quel tintamarre !
Le monde en/
tier en fut boule/
versé
Julien BUCCI
Mé-du-sés
Faire une pause nette à chaque fin de vers : souffle coupé. On peut imaginer une suite de mots qui viendraient après mais qui ne pourraient pas se dire : bloqués.
je parle /
à l'intérieur d'un corps /
qui ne peut plus /
parler j'ai /
croisé le regard d'une //
mais du //
moment où /
j'allais parler /
elle m'a jeté /
ses yeux sur /
mes yeux /
mé /
du /
sés /
*
Coupé décalé
nos corps
dansent et
se farcent
sur la piste
kaï kaï
tu glapis
je ronronne
tu me donnes
ta bouche
ma bouche
se donne
à toi
nos corps
se copient collent
coupent et décalent
sur le dance floor
Valérie CANAT DE CHIZY
pommettes roses
nez de clown
elle lance
son cerceau
dans les airs
avance funambule
en équilibre
sur le fil
sous le regard
ébaubi
des spectateurs
François COUDRAY
l’enfant croyait que la forêt
là
pour toujours
lui ferait peur lui
offrirait son ombre
déchirée il apprend
les labours du vent comment
la vie la mort ça
travaille
dessine des chemins
au ras du sol
arbres
en marche
*
retrouver dans les mots la respiration de tout ça qui m’échappe inventer / la contrainte où creuser / les mains dans la terre encore le poème / n’est-il que ce jeu la règle / de ce décalé / la petite porte la faille où surgisse un instant
un effet de sens-émotion
Armand DUPUY
Rose coulissant sur du rose dans mon ascension,
bouffée d'un prunus / dossier de ta chaise –
je pense : chaise longue, phrase courte.
Ce pince-moi matinal non prononcé.
Retrouvez une note sur ce poème sur la page RESSOURCES du site POÉCLIC 2022 (rendez-vous dans la partie “QUELQUES MOTS DE POÈTES”).
Chantal DUPUY-DUNIER
Trois haïkus
Haïku
Médusée, je vois
les premiers bourgeons éclore
au cœur de l’hiver.
Haïkaï fantaisiste
Saperlipopette !
Kaï, kaï, kaï, kaï, kaï, kaï, kaï,
j’en reste ébaudie.
Haïkaï écrit par un chien poète à qui on a donné un coup de pied :
Kaï, kaï, kaï, kaï, kaï,
Kaï, kaï, kaï, kaï, kaï, kaï, kaï,
Kaï, kaï, kaï, kaï, kaï,
*
Petit poème
Pince-moi :
En Uruguay, les enfants
ont la tête en bas.
Comment marchent-ils pour aller à l’école,
comment peuvent-ils rester assis
sans tomber dans l’espace ?
Sylvie DURBEC
I,
Poney échappé. Vignes rouges. Le mot vigne est vivant.
Le mot souche : bois mort.
On ne brûle pas de vigne mais des souches, pieds arrachés.
Vigne vivante, souche morte.
La main sur la page.
Apprendre par cœur la saison.
Médusé par le froid.
Vivant.
Novembre.
II,
Tout le jour s’écrit
dans le bleu du poème
au-dessus de la porte
tintamarre moqueur
(que le bleu fait mal
quand il se lit
sur le bras
ou le mollet)
et sinon ce bleu
vous l’écrivez
comme la mer ?
Avril.
Étienne FAURE
Je suis comme un singe qui cherche la réponse
devant une boîte fermée,
évoque lentement ses rêves
puis ouvre, médusé : un livre.
Estelle FENZY
Une galette
un peu seulette
posta dans le journal
une curieuse annonce
« Épouse tout flan
qui saura me surprendre »
Le boulanger médusé
interrogea la pâtissière
« Saperlipopette, répondit-elle,
quel humour décalé !
Je ne suis pas galette
et toi pas surprenant ! »
Stéphanie FERRAT
Goûter ce qui bientôt se fermera
l’air, son pourtour des choses et des arbres
la douceur décalée
lumière dans le chêne
ses branches, sa force vers le ciel
Odile FIX
1.
soudain la main est
large araignée noire
ses pattes flétries
médusé regard de brume
quand soudain
est venue
la mort
2.
tous halètent
sur la pente
les dos ployés sous
fardeaux de charbon froid
tous s'effondrent
sur un sommet décalé
quand la lumière franchit
une orbe nouvelle
Romain FUSTIER
divulgâcher quoi
ce filé d’heures entre les doigts
les rues et commissures à ses lèvres
un remue-ménage de fourrés
de forêt
Anne GAUTHEY
Les gens vrais explosent et osent dire les mots et regarder les choses, ils aiment farcer et vous laissent médusés, le souffle coupé de tant d’humanité. Ceux qui montrent leurs failles, qui sortent du rail vers le champ de bataille et qui braillent « kaï kaï ». Ceux qui ont dans leurs salopettes des petits mots dits tous ébaubis et s’écrient en pleine nuit « saperlipopette ». Les gens sincères pas pour rien sont ceux qui te font du bien. Ils divulgâchent leurs émotions et te fredonnent une chanson. Pince-moi je rage de les rencontrer, ces gens crus qui croient sans trêve à leurs rêves pour envahir la réalité. Les gens d’air et de feu, ceux qui ont une étincelle dans les yeux.
Albane GELLÉ
En nous ce qui gronde et les tiroirs ouverts
quel tintamarre
au milieu de nos petites et de nos grandes conversations
en nous avance un vieux miroir.
Luce GUILBAUD
Un Jardin époustouflant.
Je connais un jardin époustouflant
de verts divers et de fleurs en couleurs
c’est un jardin de bonne humeur
ses herbes sifflent dès le matin
les campanules et les renoncules
en cadence tintinnabulent
ça fait un tintamarre
qui bouscule papillons et libellules
« pince-moi, je n’y crois pas mais
où est donc ce jardin saperlipopette» ?
ce jardin musicien ?
mais il est dans ma tête qui fabule
dans ce poème qui fait des bulles.
Sabine HUYNH
Être décalé
c’est décoiffant
dit Désiré
Être ébaubi
c’est ébahissant
dit Bobby
Être médusée
c’est médusant
dit Médée
Saperlipopette
dit Sapritch
Je divulgâche
chère Alice, mais avant
vous étiez moche
On est toujours kaï
dans la mémoire
de quelqu’un
époustouflante même
alors t’occupe !
et pince-moi
Jacques JOUET
18 janvier 2022, Paris
(poème adressé, un tanka, à des élèves francophones d’Amérique du sud,de la maternelle à la terminale)
Tintamarre
les goûts les couleurs
à tous les coups les douleurs
le noir et le blanc
y en a marre du tinta
et de la quadrichromique
Anne JOUY
Tu n'es plus normal
Homme à la chevelure médusée d'aspirine
Extradé lointain dans d'autre vague que le mien
Tes yeux n'ont plus de germes pour la terre de mon âme
Dilué, tout le vif étendu
Comme un vin coupé jusqu'à l'eau
Je n'entends pas le feulement grave de ton arbre
Qu’un tintamarre
Tu serres la cervelle au goutte à goutte
Sécheresse emboutie dans les arcades sourcilières
Tout ce malheur d'ivoire jaune aux dents
Certifié Novartis abolisseur de vie
Dopé aux ciments frais et blancs des cachets
Et qui raidissent ton squelette
Métamorphose de métastases tristes
Te voilà en dialyse continue
À remplir le puits du venin et des cadavres
Aucun son aucune odeur aucun oiseau désormais dans l'armure
T’es dépiauté de toute existence parce qu'on te préfère boîte vide, carapace d'illusions à mettre à son bras,
Qu’être d'infortune, un humain
Je découple au burin la mort qui t'empierre
Je treuille ta statue
Je la monte au sommet de mes mots
Je dégoupille
Tombe maintenant fracasse-toi
Dedans cette gangue il y a peut-être encore ton âme tribale.
*
M’abandonner lentement au hasard
Comme ces algues ou ces fétus qui quittent la rive et qui le retenaient cousu de terre ou bridé de lacets.
Laisser tout cela à l’offrande des bras
Je fais la planche sur mon destin
Ma flottille corbeille blanche souque sans rame et sans aviron
J’ai assez prononcé de sirènes, de tintamarres ou de becs
Assez rameuté de brames dans la clairière
L’énergie du monde a reçu mon désir
Qu’elle en décide
Qu’elle le retire des forces en jeu ou monte l’enchantement
Je suis radeau et me laisse éconduire
Le hasard est peut-être médusé de mes requêtes
Et j’entends bien parmi les oracles que je ne peux rien y faire
Alors pour cavaler encore
Le courant
Mon courant d’altitude
Je laisse faire.
*
Je reprise le miracle
Magie de deux sous qui faisait des colombes
Le reprise au fil, au chas et de ma coudée d'impatience
Je boucle ma bouche dans ta boucle
Je serre fort
Que ne lâche aucune de nos mailles
Me tire des aiguilles dans la tempe
Tous les présages glissent comme le froid servi sous les fenêtres
J’embrasse les grimoires, ces pince-moi dans tes formules
Ce que tu dis est un condensé d'obscurs
De choses noires cuites longtemps
Jusqu’à l'épais de l'alambic
C’est ainsi que je m'enivre
En Suisse
À la table solitaire
Où ne trinquent que des coucous et les carillons de la cloche d'argent
Je suis née pour tourner des tables, des pages, la tête aussi
Aquavit des noces de l'ennui
Rien, le poète
Mon ventre n'est pas un nid où farcer des oiseaux.
Maintenant ce temps où plus rien n'aère l'avenir
Et le silence gagne
qui réduit à jamais la parole à néant
et m'achève ridicule précieuse.
*
pince-moi
Je trempe mon clavier dans une touche de crème. Quelque chose s'ouvre une fente un regard strié dans la lumière. Je tape et au bout du doigt aussitôt sur l'infinité de la Terre quelqu'un décortique la magie. je trempe ma langue dans le bazar qwertzuiop, je grave mes sillons automates. Mes cambrures, mes arrondis, et tous ces doigts en l'air qui menacent ou désignent. Je dénoue la pelote des fissures, les pochoirs arial times roman courrier. Les pince-moi typographes longuement cheminent par famille par odeurs par tous les sens. Et je regarde du haut de ma fourmilière s'agiter les hyménoptères littéraires, les ouvrières alphabétiques en service. Elles surgissent du fond noir de l'écran passent sous la porte muette, traversent le verre comme pousseraient des perce-neige ou des passe-muraille. Rapides et blanches comme une trace de farine qui tomberait de mon âme. Parades raides de leurs pas fantassins. J’écris au défilé.
Retrouvez d’autres textes d’Anna JOUY sur la page RESSOURCES du site POÉCLIC 2022 (rendez-vous dans la partie “QUELQUES MOTS DE POÈTES”).
Jean LE BOËL
sans farcer, sans forcer
sans tintamarre
ton sourire
et moi
ébaubi
Isabelle LÉVESQUE
Dis- moi six fois : deux fois trois !
Compte et signe médusé :
Moins un plus cinq = 3.
Béatrice MACHET
Aveu d’un ébaudi nommé pince-moi
saperlipopette
nom d’une galipette
me voilà pompette
sans que j’aie eu à faire trempette… !
*
POUR SE DÉCALER LE MONDE
Il suffit
d’un regard au galop
plus dix doigts pointés en mille directions
pour cent-vingt millions de voix virevoltantes
et des milliards de madames-messieurs médusés
Simon MARTIN
VARIATIONS
AUTOUR DE SAPERLIPOPETTE
Sabrez moi tous ces poètes,
toutes ces blattes,
tous ces Li Po en salopette
qui sabotent le silence !
Ça parlotte et ça brait -
sacreblotte de saperlotte !
Ravalez vos sentences
et sabrez moi toutes ces pipelettes !
Mais du silence -
cette perle de polype,
ces six paires d'agapètes -
faisons notre pelote,
sapropélique topette
plus enivrante que sage.
Samuel MARTIN-BOCHE
J'époussette le manteau du poème
Je retire les pantoufles
Du sens
Dépose à ma table la rime
Et j’attends
Le vers époustouflant
Qui se refuse aujourd’hui
Simone MOLINA
(d)étonnation 2-V3
Saperlipopette
dit le renard
tu es bien plus malin que moi !
pince-moi !
s’écrie son reflet dans le miroir
kaï !!!
glapit le renard roux
en s’enfuyant
Chut… murmure le miroir
ne rien divulgâcher !
*
(d)étonnation 4
écoute l’explosion dans la (d)étonnation
imagine la brisure de la déflagration
étonne toi
de la sarabande du monde
médusés
nous sommes
fous de rêves époustouflants
ébaubis par le tintamarre des images
nos mots s’envolent
oiseaux
aux couleurs d’utopie
Orianne PAPIN
Ne me pince pas
non, jamais
je veux garder mes rêves
intacts
pour vivre une vie
plus époustouflante
que la fadeur
des faits sans flamme.
Jean-Baptiste PEDINI
Les fenêtres ouvertes
offrent un tintamarre étrange
d’ombres et de plumes
la nuit passe de bec en bec
l’aube s’annonce en décalé.
Thierry PÉRÉMARTI
et si
peu décalées
nos nuits si longtemps
nous époustouflent
cœur à corps aussi souvent
serait-ce
ce tintamarre en moi
secret comme un silence
qui t’ébaubit
toujours autant ?
Clara REGY
1
la grand-mère se fait picorer les mollets
le joyeux tintamarre des petits becs jaunes
comme un champ de boutons d’or
joue dans sa robe à fleurs
elle porte dans ses bras
un sac de blé doré
qu’elle offrira
à ses enfants de plumes
-médusés-
et confiants
2
saperlipopette
le prof dicte
Sapère lit Popette
tiens je connais
ni Sapère ni Popette
se dit l’enfant tant pis
j’aurai Zéro de toutes façons
par la fenêtre
l’oiseau découvre
l’enfant à la crête décolorée
-un cousin à l’école-
Il en est tout ébaubi
lui fait coucou
et il s’envole
cui cui
3
Kaï le héros aux grands yeux ronds
ne marche pas il vole
ses longues jambes époustouflantes comme des ailes
touchent les nuages
et toi tu t’endors
doucement
un coup de vent immense
te conduira
vers un univers
décalé et vibrant
Cécile RIOU
Persée
s’avance
se lance
pressé
glissé
dans la danse
dans la transe
médusé
il regarde
ce qui darde
à l’abri
d’un miroir
s’émouvoir
l’a surpris.
Richard ROGNET
Ronflement, tintamarre
de la tempête sur la forêt –
oiseaux, oiseaux, ne quittez pas
la montagne avant d’avoir
posé vos chants sur le désert
de nos paroles, accordez
à la persistance des pleurs
quelques étoiles apaisantes,
dites-nous comment aimer
les violettes et les sourires
qui nous bouleversent
quand se consument nos songes.
*
Kaï que tu dis ? Kaï que tu fais ?
Pourquoi divulgâches-tu,
en un tel tintamarre,
l’époustouflant pince-mi, pince-moi
qui m’avait si bien ébaubi ?
Serait-ce pour me farcer,
me jouer mille tours ? Saperlipopette !
tu as tout décalé, me voilà médusé,
pris au piège du kaï que tu dis.
James SACRÉ
Ça n’ira pas bien loin
Partie soudain
Pour être un poème
L’écriture butte
Sur un mot :
Saperlipopette
Du coup s’arrête.
Ça reprend mais bientôt
Le poème se tord les pieds
Sur un autre :
Ebaubi
Qui l’arrête aussi.
Nouveau caillou sur son chemin
Le poème se dit
Que c’est pas possible ! :
Divulgâcher
Pour l’empêcher.
Déceler, méduser, farcer
Pince-moi
Pour que j’y croie,
Époustouflant ce tintamarre !
Mais le poème repart.
Et c’est pour nulle part
Le voilà qui butte encore
Et tombe en criant kaï !
Entendez-le qui braille.
Et n’ira pas plus loin.
Florence SAINT-ROCH
Farces et attrapes
1.
Ton poème est une porte grande ouverte
Bienvenue faites comme chez vous
Certains mots entrent médusés
D’ordinaire on leur interdit l’accès
2.
Le poète précieux s’effraie et s’indigne
Haro les gros mots qui mordent et aboient
Leur tintamarre de sale bête
Kaï kaï tenez-donc vos chiens en laisse
3.
Si tu t’embarques sur l’océan des mots
Tiens bon la rame et le vent
Car souvent (et ce n’est pas une blague)
Pince-mi et Pince-moi tous deux tombent à l’eau
4.
Fais un pas de côté penche-toi incline la tête
Si tout te paraît décalé tant mieux
Ventrebleu saperlipopette
C’est comme ça qu’on devient poète
Pauline SAUVEUR
sur les toits de toile du marché de la ville
l'eau de l'averse dévale
d'un saut bref et précis ton chemin décalé
te voilà à l'abri
*
catastrophe dans l'escalier !
mon sac de billes échappé
une pluie de bulles déboule
en tintamarre coloré !
Jean-Marc SOURDILLON
Quand je suis rentré chez moi
Le chat était dans l’escalier
C’est tout, tout décalé,
Le lit dans la salle à manger
Le piano dans le frigo, le balcon dans les WC
Ma mère était partie, mon père n’était pas là
C’est tout, tout décalé
Mais moi je suis encore là
Et je vais tout, tout remettre à l’endroit.
*
Quand tu vois que c’est trop bien réglé
Tu décales, tu décales
Quand tu vois que c’est déjà joué
Tu décales et tu te fais la malle.
Maud THIRIA
Pince-moi
dis-moi que je ne rêve pas
ou que tout rêve
dans le décalé des jours
les mots
suant de toute leur eau
– suaire de ce qui se perd –
les mots
saignant de toute leur sève
à rapiécer la terre blessée
dis-moi que je ne rêve pas
ou que tout rêve
et berce-moi
Christiane VESCHAMBRE
Les mots invités
On m'invite dans un poème
moi, l'ébaubi
j'en suis médusé
saper
saperli
saperlipopette!
ça me fait bégayer
je n'ai pourtant rien d'époustouflant
pince-moi, poète
je rêve...
Tu en fais un tintamarre
toi, l'ébaubi
j'invite qui je veux
pousse-toi
fais de la place
voilà décalé, farcer et divulgâcher
- kaï! kaï!
mais qui es-tu toi?
je ne t'ai pas invité!
Pierre VINCLAIR
L’origine du Rhône
Hors de la gueule (la roche
Au-dessus de la source semble
Vivante parce qu’ancienne)
De Loue l’eau vive roulant
Entre les cuisses pierreuses
De la terre sans faire tourner le
Bois pourri d’un moulin jouit
Méditerranée, et la signature
Rouge dit : Pince-moi, G. Courbet.
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Adeline YZAC
oyez oyez
voici Saperli
le roi de la batterie
voilà Popette
la reine de la trompette
allez allez
tous au bal musette
Saperli au tintamarre
Popette au grand bazar
ça va guincher
ça va aguicher
ça va guigner
ben oui quoi
c'est ça la fête au village
Mary-Laure ZOSS
neige
où qu’on aille
sur le fil de l’ombre – lentement décalée, coagule peu à peu la lisière,
peu importe l’effondrement de mots
sourds dans la neige ;
à travers un tamis d’étoiles,
on trace une ligne
effleurant la fraîche graphie des lièvres ;
de part en part,
soleil et vent de plein fouet