POÉCLIC 2021...
des poèmes offerts
qui ne manquent pas d'air
Une cinquantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre concours et enthousiasmé.e.s par le travail réalisé avec nos élèves, ont répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant les habituelles contraintes de notre concours. Que chacune et chacun en soit ici chaleureusement remercié.e.s.
Pour l’écriture de leur(s) poème(s) offert(s), les poètes qui ont répondu à notre invitation ont respecté les deux contraintes habituelles de l’opération Poéclic :
-
celle de la brièveté (avec l’idée de s’inscrire dans la tradition croisée du haïku et du tweet - 140 caractères) ;
-
celle de l’intégration, dans le poème, d’au moins un des « dix mots qui (ne) manquent pas d’air » : aile, allure, buller, chambre à air, décoller, éolien, foehn, fragrance, insuffler, vaporeux.
Sauf mention spécifique, les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d’Amérique latine.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
DES POÈMES OFFERTS QUI NE MANQUENT PAS D'AIR
CINQUANTE POÈTES POUR L'AMÉRIQUE LATINE
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...
Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs auteur.e.s.
Le nuage à gauche de chaque nom d'auteur.e propose un lien vers les notices bio-bibliographiques.
Joëlle ABED
Ne pas avoir à se brosser les dents le matin
réjouit fort l’alouette
C’est toujours ça de moins
à faire contre la mort
et quand la frayeur vient aussi
d’être un oiseau on dit alors
« claquer des plumes
mettre les ailes au mur »
et c’est beaucoup moins grave
Avec le vent de nos bicyclettes
nous lissions à la couture du chemin
quelques fils qui le retenait encore à la colline
ces fleurs bleues de mouron et de plume
La tentation était forte de les arracher
mais nous n’avions pas emporté nos maillots
à deux ailes
pour nous baigner dans les nuages
Cécile A. HOLDBAN
Flèches lancées à l’assaut du ciel
les ailes nouent et dénouent entre elles
la tresse du paysage
Jacques ANCET
Lire et les oiseaux — Les ailes tournent les pages. Les pages soufflent les ailes. Les mots s'envolent et les cris restent.
Les cris et les oiseaux — On entend les uns on voit les autres. Ou inversement : cris volants, ailes sonores : un instant, ils ne sont plus qu'un.
Silvaine ARABO
Ailes d'âpreté
Vergetures de la mémoire
Tranquille, l'oiseau.
Battement de cils
portique d'ailes
blancheur ténue :
les visières bleues de l'attente.
Catherine BÉDARIDA
tu deviens
nuage
tu
ou visage
reviens
la nuit
qui prend ma main étoile chaude
quand tu
sans reviens
ouvrir l’aile lentement
sur ma paume
étoile chaude
ton visage
tatoué
Yves-Jacques BOUIN
1
L’air libre allié de l’aile
Froid ou chaud
Selon le départ des hirondelles
2
De la branche qui bourgeonne le rouge-gorge s’envole
Sur la feuille qui s’étire un escargot s’en va
A vive allure la lenteur les salue
3
Le ciel de mars peut buller
Tel le papier peint en giboulées
Dans la chambre de ma solitude
4
Me baladant si loin ce premier jour d’été
Tu m’as bien roulée je suis crevée
Dit au vélo la chambre à air
5
Comment décoller
Se demande la feuille morte
Déjà hors sol et d’un air détaché
6
Les amants de printemps se chuchotent
En un souffle ce que nul ne saura
Murmure éolien à l’oreille
7
Foehn d’où venu
Sous la main nue des fins d’automne
Caresse douce et déjà disparue
8
Tu esquisses ta présence parmi les roses
Et pénètres narines gorges et poumons
Fragrance tu joues l’incruste
9
Pour Insuffler au flâneur
L’émotion de son pas le caillou
Roule sous la semelle et le fait trébucher
10
Long rai vaporeux d’entre les volets
La poussière frissonne sur le fil
Personne au grenier hormis l’araignée
Valérie CANAT DE CHIZY
CE2C-Montevideo
La poésie insuffle
une certaine allure
à l'acte de vivre.
Sur les pistes vaporeuses
j'ose tendre le bras
pour montrer du doigt
l'horizon des possibles.
Ma bulle s'agrandit.
Rémi CHECCHETTO
Dans la chambre à air tralalère
Tarte aux pommes, mille pattes et mille et une nuits
Tout se passe bien
On a bien croisé les quarante doigts
François COUDRAY
ni sur le corps de l’enfant le crissement du foehn / ni / l’herbe blanche la roche / rousse comme un ciel sans fond / mais une chambre à soi où souffler sens
Luminitza C. TIGIRLAS
Nu, l’érable dans la lueur du Lez
Sur la rive
le maître Sève
étire le sens du mouvement
Je lève le bambou –
une aile élance mon bras
Jean D'AMÉRIQUE
fragmentée l’aurore
écume derrière la montagne
à éclabousser la nuit lentement
tel air printanier
qui courtise l’aile de l’oiseau
heure fraîche
fleurissant espoir dans le teint des lilas
une lettre au jour
pour entamer
ses tresses d’or
Ludovic DEGROOTE
vapeur de rose dans l’air du soir
si le temps décolle
de ses chambres noires
et d’un cerveau devenu comme
une bulle de vie mal crevée
vapeur de rose dans l’air du soir
si le temps décolle
de ses chambres noires
et de nos cerveaux devenus comme
des bulles de vie mal crevées
Ariane DREYFUS
Quelque chose brille sur son dos
Il la caresse à nouveau
Mieux qu’une aile
Marc DUGARDIN
l'aile
n'a qu'un "l"
on peut lui en mettre un deuxième
pour que décolle le poème
Chantal DUPUY DUNIER
Moineaux et mésanges,
des ailes tremblent de froid.
Nuit bleue de décembre.
Les doigts vifs du foehn
ont ouvert une fenêtre
au-dessus du Mont.
Sylvie DURBEC
Mauvais rêve
Allure d’oiseau à l’amble d’azur
mon beau cheval si tu vas
sûr de ton pas
sur un tapis volant
sans garde-fou
tu te rompras le cou !
Autre rêve
Si tu trouves un coquelicot en novembre
poussé caché dans une chambre à air
vas-tu le garder secret ou l’exhiber
sang clair sur ta chemise
blanche ?
Étienne FAURE
Ordre d'envol, quitter le sol,
en trente secondes les oiseaux ont compris,
battements d'hiver, d’un seul coup d’aile
-être du coin et du globe.
Stéphanie FERRAT
régulièrement
de grands rapaces
frôlent le regard
est-ce qu’ils portent à mes yeux
ton visage envolé ?
leurs longues ailes
viennent-elles rappeler l’allure
qu’il me faut à présent
adopter ?
partout les signes
adossés
à la langue du vent
Romain FUSTIER
des hirondelles volant
rasant cette aire de pique-nique
la plage aménagée
alors l’étang
sa chair semblent découler d’ailes
qui le soutiennent
Anne GAUTHEY
Bulle l’hirondelle !
Vive allure qui m’ensorcelle,
du vent dans mes ailes.
Albane GELLÉ
Points Cardinaux Saisons Terre Feu
Eau et puis l’Air,
Cycles de Quatre, à l’Infini
Roue Médecine et dans nos Cœurs :
les Galaxies.
Luce GUILBAUD
Ailes complices allure nomade
les oiseaux migrateurs passent la ligne
leur cri victorieux par-dessus les frontières.
Nuages à vive allure
poussés par le vent libre
sur l’aile d’un oiseau migrateur.
Sur l’aile blanche du cerisier
le bleu du ciel se penche
le poème est déclaré.
Cécile GUIVARCH
Le corbeau avec ses ailes
forme des cercles
se pose devant moi
je lui dis qu'il est beau
Marie HUOT
Quelque chose est redevenu calme
Le vent s’est engouffré au-dessus du canal
Doucement
Piano-piano
Le soir est tombé et les voix se sont tues
La ville mélancolique a ouvert ses ailes
Et moi
Piano-piano
J’ai pris le vaporeux vaporetto
Jacques JOUET
(poème adressé, une « petite boîte », à François Coudray et, par lui, à des élèves francophones d’Amérique du sud, de la maternelle à la terminale)
Je n’étais pas vieux encore
quoique frileux à coup sûr
se lève printanièrement
le foehn
en mollissant ce qui est pâle
gelé ce sur quoi on skie.
Anna JOUY
Trempé mes cheveux dans le fleuve boréal
Idées propres
Sais-tu brancher le vent dans la prise ?
Le foehn électrise mes anges
Mathias LAIR
Si j’avais des ailes
je pourrais décoller
de cette chambre sans air
je soufflerais au loin
un foehn d’enfer
tel un dieu éolien
Variante 1
Si j’avais des ailes
je pourrais décoller
de cette chambre sans air
je soufflerais au loin
des nuages vaporeux
tel un dieu éolien
Variante 2
Si j’avais les ailes d’un ange
je pourrais décoller
de cette chambre sans air
je soufflerais au loin
un foehn d’enfer
tel un dieu éolien
Variante 3
Si j’avais les ailes
d’un ange je pourrais
décoller de cette chambre
sans air je soufflerais
au loin un foehn
d’enfer tel un dieu
éolien
Jean LE BOËL
les enfants se balancent
et l’aile à leurs pieds
devient visible
Isabelle LÉVESQUE
Des mots insensés glissent dans l’eau du fleuve.
Un oiseau (merle, corbeau, martin-pêcheur)
sous son aile fragile emporte ton nom au ciel.
Béatrice MACHET
Las de fureter au ras du sol
il s’est collé des ailes
à la façon d’Icare …
alors …
au mulot culotté
on a décerné
le premier prix d’audace
Samuel MARTIN-BOCHE
Automne –
Au fond du jardin
Elles battent presque
Désespérément de l’aile
– Les feuilles du frêne
Jean-Michel MAULPOIX
Confiné…
Sans quitter la chambre
Comment prendre l’air ?
Écrire :
Gonfler dans sa tête
Une chambre à air.
Sébastien MINAUX
ta voix aux ailes courtes qui fend l’air
brise le bleu d’un champ d’automne
puis disparaît
dans ton élan tu vois des choses que j’ignore
Emmanuel MOSES
Le ciel est rempli d’ailes
Des ailes toutes seules
Où sont passés les oiseaux ?
Elles volent parce qu’elles ne savent rien faire d’autre
Sinon elles se mettraient à pleurer.
Orianne PAPIN
Il y a trois vies de cela
j’étais un message éolien
comme ces baisers qu’on lance
pour un visage
au loin :
depuis je garde le pouvoir
de lire l’amour
sur les lèvres.
Jean-Baptiste PEDINI
Ciel pesant du soir
les couleurs sont fatiguées
derrière la fenêtre
l’horizon s’enroule sur lui-même
comme une chambre à air noire.
Cécile RIOU
Poème diamant
allure
belle fière
cours vole venge
personnage héros souffle vitesse
bondis fonce cours
rapide léger
coureur
Richard ROGNET
Une aile de mésange
pour moi sera toujours
le signe d’un ailleurs
que j’ai déjà connu
bien avant de naître
et d’avoir posé mes regards
sur le pin
où les oiseaux s’allient.
James SACRÉ
Dix mots entre paysage et poème
1
Le paysage a belle allure
D’espace et de lumière
Au bord de l’horizon,
Mais dans le poème qui voudrait l’écrire ?
2
Je voudrais t’insuffler lecteur
Une manière d’être un paysage
En lisant mon poème :
Un paysage de rythmes et de mots.
3
Parfois le paysage pue.
Le poème s’est imaginé
Qu’il pouvait lui donner
Bonne fragrance de fleurs ;
Mais les mots n’ont pas d’odeur.
4
Avec une aile au paysage
Une autre à ton poème
Quelque chose pourrait peut-être voler
On se demande bien quoi !
5
Chaque poème comme un léger drone éolien
Qui survole un paysage
Mais qui ne voit rien.
6
Le paysage comme
Une immense chambre à air
Qui s’est dégonflée
Quand j’ai voulu l’écrire.
7
Ton poème n’a fait que
Décoller du vrai paysage
Le mot paysage.
Entre les deux
Ecrire voulait voir.
8
La vie comme un foehn
Sur les mots du poème
Vainement réchauffe un rêve
De paysage qui s’en va
Avec le vent qui l’emporte.
9
À force de rêvasser,
De buller dans ses mots,
Le poème ne sait plus
Quel paysage il a vécu.
10
Vaporeux, trop vaporeux, trop,
Paysage et poème
Retombent
En courte pluie de mots.
Pauline SAUVEUR
Un bruit d’ailes fend le silence et le ciel
leur long cou ondule
petit caillou je reste au sol
à regarder les grues
devant moi la route
Jean-Marc SOURDILLON
Tu es toujours en retard.
Tu manques les bus, les trains, les avions au départ.
Tu cours comme un dératé vers le haut des cols
Pour suivre longtemps des yeux l’horizon qui décolle.
Maud THIRIA
Dessus ma bouche
le masque n’empêche rien
je sens l’air d’une musique intérieure
monter vibrer glisser
sur les ailes de mon désir
Christiane VESCHAMBRE
la chambre à air
n'a pas de toit ni de murs
que des fenêtres
on décolle à vive allure
à cheval sur les mots
vaporeux
du poème
on croise
le vent qui bat des ailes
"où vas-tu?"
"voir la mer
qui bulle
tu viens?"
Christian VIGUIÉ
Il y a des oiseaux
qui savent se corrompre
pour être à la fois eux
et les ailes du vent.
Thomas VINAU
Tantôt dragon tantôt dindon
gloire et merdouille
le jour ta drôle d'allure
Pierre VINCLAIR
La poésie francophone
Fait du poème :
comme un effet de foehn
C’est du poème :
comme un essai de soen
Poésie à la con
fédération du grand
Duduche.
Adeline YZAC
A tire-d'aile
un vol de lettres
au-dessus des pins
Mary-Laure ZOSS
rapace
suffit un pas – alerté, visible tout juste,
un corps noué à l’enfourchure ;
aile en sous-bois, son vol
plus bas encore,
frôlant basses branches
et feuilles gorgées d’eau noire,
dans les chambres de brume engouffré,
traverse la presque pénombre
d’un matin d’hiver