POÉCLIC 2023...
des "poèmes offerts" à tous les temps
Une soixantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmé.e.s par le travail réalisé avec nos élèves, ont, cette année encore, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour nos élèves, de la maternelle à la terminale, des poèmes respectant les habituelles contraintes de notre concours.
Pour l’écriture de leur(s) poème(s) offert(s), les poètes qui ont répondu à notre invitation ont respecté les deux contraintes habituelles de l’opération Poéclic :
-
celle de la brièveté (avec l’idée de s’inscrire dans la tradition croisée du haïku et du tweet - 140 caractères) ;
-
celle de l'intégration, dans le texte, d’au moins l’un des dix mots « à tous les temps » : année-lumière, avant-jour, dare-dare, déjà-vu, hivernage, lambiner, plus-que-parfait, rythmer, synchrone, tic-tac
Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français
d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
À TOUS LES TEMPS
60 POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires
proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...
Joëlle ABED
depuis longtemps
j’ai l’avant-jour fragile
j’ai peur
est-ce que la lumière va m’aimer assez
pour me donner
encore une fois
une ombre sur la neige ?
Cécile A. HOLDBAN
L'air hivernal semble plus vide encore que le vide. Alors on marche. Pour que ça vibre. Les heures marchent sans nous comme des aiguilles folles. Tic-tic, tic-tac, tac-tac, tic. Craquement des branches et des glaces, rythme de pas invisibles. On a beau tenter de lancer le temps plus loin, jouer avec l'espoir et attraper le bord du soleil pour le mordre, le précipice des minutes s'agrandit dans les rouages du ciel gris. Pour un instant de lumière, on s'improviserait horloger.
Isabelle ALENTOUR
COMME TU SAVAIS TROUVER
pile l’endroit
quand ça me démangeait entre les deux omoplates
Ici, oui, un peu plus à gauche, enfin, droite pour toi, non, gauche pour toi aussi, à peine un peu plus à
gauche et un peu plus haut, là, oui, là, exactement
Mmmm c’est parfait, encore un peu
Mmmm c’est plus-que-parfait
Merci
Marie ALLOY
Hivernage
Le poème traverse la lumière
survit dans une vague de froid
Son chant est pure glace
̶ une grâce de nage en hiver
Des ondes étranges gravitent
autour de nos corps fugitifs
à des années-lumière de nous
Les mots grattent le tain du jour
cherchent à voir à travers
Tic-tac la neige berce la suie
au rythme des images
qui tombent en flocons
de cendres et de pluies
Le ciel est nimbé des silences
d’un monde déjà-vu
Qui se perd en mirages
rejoint des temps antérieurs
Entre guerres et rêves fugaces
le poème est-il plus humble
qu’une rose en hiver ?
Silvaine ARABO
Sur cette glace de feu
invisibles ils dansent
densité où ne jamais mourir
Place juste du mot
les restituera
loin des hivernages assassins
On les verra danser alors
au centre du coeur.
*
Le rougoiement des éclats fait naître les matins clairs
la poudre du jour
les disperse
Année-lumière de l’avant-jour
Instant où le temps se fait démesure
beauté radiante que tisse la lumière
transparence où air et eau semblent s’unir
Incarnats sur les turbulences de la chair.
Samantha BARENDSON
Avant-jour. Il neige.
La ville est disparue
sous un voile de lassitude blanche.
Disparues les avenues, disparue l’humanité,
hivernage des voitures
et de la cacophonie urbaine.
Nous sommes toi et moi à des années-lumière
dans cette chambre, le monde s’est évanoui
pendant que nous dormions.
Les flocons de neige rythment notre paresse
lente chorégraphie de petits points blancs,
nous retournons au lit.
Je veux lambiner à tes côtés
en attendant les premières fleurs,
dormir encore l’espace d’une saison.
Il neige. Les vitres s’embuent
et nos bâillements synchrones
se cristallisent en partitions glaciales.
Dehors le monde clignote, tic-tac,
au rythme des feux de circulation,
les rues sont désertes et les degrés sous zéro.
La chaleur d’une tasse réchauffe nos mains
heures de farniente sous la couette épaisse
et le soleil dare-dare derrière l’horizon.
Le soir comme un déjà-vu,
un voile recouvre la ville
de solitude blanche. Il neige.
Ensemble, nous conjuguons le sommeil,
correspondance amoureuse,
au plus-que-parfait.
Jean-Marc BARRIER
Le ciel dare-dare se vide
tu dis : avant-jour
et l’encre s’époumone
je suis au lieu du plus grand amour
tu écris : poisson
je deviens la rivière
*
Le ciel va brûler
une pierre noire un peu d’eau
et ce rêve de papier
à des années-lumière du vouloir
des forêts entières
dans un trait qui tremble
Catherine BÉDARIDA
et encore
et partout
guerres
exils
fuites synchrones Nord et Sud
partout
séparations et longs baisers
mués en masses illégales
dans des pays hostiles
êtres en exode
encore et partout
chacun devenant
personne
Albertine BENEDETTO
En ces temps d’hivernage
pas question de lambiner
sous des trombes
je t’écris à l’avant-jour
tic tac de l’eau sur la tôle
tout a goût poisseux de déjà-vu
même le papier boit
je t’écris au plus-que-parfait
pour une histoire terminée
je te mets à des années-lumière
fini d’être synchrone
Marilyne BERTONCINI
À tous les temps
Où est le tic-tac de l’horloge
rythmant la vie de nos parents ?
Le sablier où s’écoulait
la fuite infinie des minutes
dans l’ampoule de verre ?
Où passe le temps qui file ?
D’un bout de l’an à l’autre
les événements se suivent
les saisons se bousculent –
et je ne suis plus rien…
Yves-Jacques BOUIN
Quand les tic-tacs de la vie s’arrêtent
Quelles sont les onomatopées du silence ?
*
Mon passe-temps favori :
Lambiner daredare
Pour un laps de temps incommensurable
*
Au cœur du poème
Rythmer
Le battement des émotions
Julien BUCCI
Bonjour
à l'avant-jour du jour
les oiseaux veillent
le moment clé
où le soleil
revient tout juste de sa ronde
il entre dans ta chambre
sur la pointe des pieds
il entrouvre tes yeux
il ouvre les volets
il te lance un bonjour
de lumière et chaleur
dans le jour à venir
qui commence à chanter
Luminitza C. TIGIRLAS
Point de neige sur la France,
l’hiver de-synchrone les sens des animaux.
De leur couche ravagée
ils entendent le tic-tac,
la bombe halète dare-dare, fiévreuse :
où es-tu retardement, Dieu peut-être ?
Dans l’avant-jour, Solo fait un cauchemar :
voulant rythmer ses insomnies,
ma tortue perce la paille de l’hivernage,
elle déchire le temps déjà-vu, l’autre…
Comment hiberner quand le soleil te hante ?
Sur l’année-lumière de tortue en confusion,
Solo garde l’œil plissé
Montpellier, le 15 janvier 2023
Valérie CANAT DE CHIZY
Un air de déjà-vu
souffle de l'avant-jour
l'année-lumière
s'annonce
écrin de neige
les graines enfouies
préparent
le renouveau.
Rémi CHECCHETTO
Nous tous
à tous les temps
en avant jour
à contre-jours
à fin du jour
allant de-ci
allant de-là
passant par le déjà-vu
découvrant le pas encore vu
ô qu’il est beau le pas encore vu !
tandis que tic-tac
fait notre temps
qui a encore le temps
lambinons, les amis
découvrons, les amis
avançons avec le désir
allons avec les curiosités
allons, avançons
le monde brille
la vie vibre
François COUDRAY
ce n’est pas celui de l’enfance et c’est pourtant le même jardin quand / redescendre / au ras du sol aller parmi le texte des herbes et des mousses / brindilles / graminées / virevoltants / ombellifères feuilles / mortes aller parmi l’ouvert faire corps
avec les arbres / le monde
*
cherche / mon poème / le rythme de cette respiration rythme / mon chant / cela qui me respire
Julien D'ABRIGEON
Ludovic DEGROOTE
Le moteur en hivernage
Ou nous, au dedans,
Qui attendons d’autres mots
Armand DUPUY
où va ce bleu-là, rythmer dans quoi ?, pour moi seul
semoule et joie dans lesquelles je pédale – et
jusqu'aux cuisses monté –, coupé déjà dar'-dar'
en deux sur et sous l'eau, terrier m'épousant bien
comme ton plus-que-parfait poussant la mémoire
vers le talon composé d'une phrase tue.
Chantal DUPUY-DUNIER
Comme il serait ennuyeux
le poème plus que parfait,
sans originalité,
plein de mots déjà vus.
Dare-dare, il faudrait le jeter.
*
Haïku
L’avant-jour discret
éclaire l’eau de l’étang
de faibles rayons.
*
À tous les temps
Je dare-dare
Tu dare-darais
Il a dare-daré
Nous dare-darerons
Vous eussiez dardaré
Eh bien : Dardarez maintenant !
Sylvie DURBEC
L’avant-jour d’avant l’amour
est-ce aujourd’hui
ou bien demain ?
Je n’en sais rien
si ce n’est son goût de déjà-vu
qui rend imparfait
le présent.
Étienne FAURE
Tic tac sur Paris, la pluie est synchrone
il pleut sur les toits comme un vers de Verlaine
les cœurs et le temps sont à l'heure de la pluie.
Estelle FENZY
Tic-tac tic-tac
Mon cœur est une bombe
à retardement
réglée sur une horloge décalée
Pour la dés-AMOR-cer
et pour me sauver
il faut t’éloigner
hiverner tes sentiments
lambiner à 100 années-lumière
revenir Plus-que-Parfait
(c’est le nom d’un Prince)
Déposer synchrone
un baiser sur mes lèvres
Tu dis que mon histoire
a comme un air de déjà-vu
tu t’approches et te penches
entends-tu mon coeur
tic-tac tic-tac ?
BOUM !
Stéphanie FERRAT
l’après-midi, tout se pose
il y a une vérité dans la lumière
sa fragilité sur les feuillages, descend
rythme les formes décalées de l’hiver
Odile FIX
ce qu’elle accroche
à un
crochet de mémoire
(dans un rayon de poussière lumineuse) :
une plainte une plaie
anciennes
une langue
d’où suinte
un peu de jour
ce manteau transparent
ce qu’elle suspend là
mains jointes (leur souvenir)
– supplique sous le bâton –
qu’elle abandonne
à son hivernage
sa saison sans fin
Romain FUSTIER
comme vache qui
il à verse
à torrents qui dévalent des cimes
à seaux rouillés
derrière les barbelés
se devine dès lors l’hivernage
Réginald GAILLARD
Là, d’évidence, fiché à même la terre
foulée par d’ancêtres paysans,
mais la terre en feu, et leurs têtes,
à des années-lumière de leur faim,
de leurs rêves sans horizon,
les mains dans un sillon verbeux,
je guette le déjà-vu, déjà lu,
l’alcool déjà-bu, jusqu’à satiété
– Soif d’un élixir nouveau.
Je chasse dare-dare l’avant-jour,
l’œil dans le creuset de la nuit,
car il éclairera les défaillances.
Alors peut-être naîtront, synchrones
– pur kairos de magie blanche –
et l’espace de mon regard
et le rythme d’un temps qui n’est pas
le plus-que-parfait mais un présent
gonflé de vie, au point d’exulter.
Laure GAUTHIER
ll'avant-jour à corps
perdu
sans apprêt
l'hivernage est libertinage
éperdu
Albane GELLÉ
Porte-bagages, chemin de terre
la vie cahote et se conjugue
à quelques temps très composés
plus-que-passé, plus-que-présent,
plus-que-futur, plus-que-parfait,
nos verbes hésitent
sur un mouvement d'accordéon
Élisabeth GRANJON
Je tremble
Comme un minuscule bourgeon
Au sortir de l’hivernage
Qui ne sait pas encore s’il va éclore
Les battements d’ailes
De tous les oiseaux en vol
Réveillent les pulsations
De mon cœur
Je bats du cœur
Et je m’envole
Benoît GRÉAN
Elle a reflué
qui
l'éther nuitée
face au vide absolu de l'azur
regret rythmé des sommeils épuisés
pupilles
puits
à pic
Luce GUILBAUD
Tic tac tic tac ! dit le temps
avancez les enfants
sans lambiner sur le chemin
qui fait grandir chanter danser
avancez au rythme des saisons
tic tac tic tac !
courez devant ce petit goût
de déjà vu soleil matin
reviendra demain
tic tac tic tac !…
*
Etre ou avoir été ?
c’était hier ce sera demain
tic tac tic tac ! sur les écrans
tic tac tic tac ! je prends mon temps
temps gris tant pis
à mon rythme et sans lambiner
sans perdre de temps
tic tac tic tac !
combien de temps ?
*
C’est l’ogre temps qui pousse ses enfants
tic tac tic tac !
sur les horloges et les écrans
ils y vont dare-dare
pas question de lambiner !
les minutes et les heures vont devant
craignant le temps qui dévore ses enfants.
Georges GUILLAIN
TROIS POÈMES RÉFLEXIFS POUR TOUS LES TEMPS OU PRESQUE
Tic-tac
trois-quarts de siècle déjà que tu tournes
synchrone
avec la terre dans l’espace
sans trop savoir quelle fraction
d’année-lumière cela fait
et même si c’est du déjà-vu le soir
qui tombe
l’année encore une
qui finit
Tic-tac
tous ces temps ces cycles ces âges
cette durée
tu voudrais – mais tu sais que c’est impossible -
enfin pouvoir les vivre
au présent
plus au futur
ni au plus-que-parfait
*
Sans lambiner
dare-dare oui
tu auras traversé
sans t’attarder
l’ardent détroit
non pas celui des Dardanelles
mais celui plus orageux comme dit l’autre
de la jeunesse
Maintenant c’est l’hivernage et sur le quai
tu suis des yeux tes vieux amours
partis au large
Le vent seul peut les rattraper
plus ce cœur fou
qui te portait
mais a eu peur
de chavirer
*
L’avant-jour
Je suppose que c’est l’aurore
ou l’aube
Si ce n’est plus la nuit
pas encore le jour
ni l’or
ni le charbon
le rêve
ou la raison
qui rythment tes actions
c’est l’entre-deux du temps
cet entre-temps des dieux
et leur indécision
Cécile GUIVARCH
Dans et contre ma mère. Petite. Tête enfouie dans le cou.
Son odeur. Sa peau. Tout va bien. Ferme les yeux. Endors toi.
Au rythme de son cœur tic tac. Sa voix. Son amour en bouquet.
Tout contre ma mère le cœur bat. Maman est là. Je m'endors.
Un bouquet de violettes. Sa chanson préférée.
Valérie HARKNESS
Hivernage
Il n’y a ni réveil ni rêve.
Juste une couche de nuages et sa lourdeur cotonneuse.
Pourtant nous y sommes et personne ne pourra jamais nous y trouver.
C’est que nous pouvons être à n’importe quel point de la couche nébuleuse,
le nez du cockpit dépassant de beaucoup ( ou pas ) la couche supérieure grisâtre dont
l’épiderme brille sous le soleil.
Nous y trouvons la cime des montagnes les plus hautes, le sable dont les grains les plus fins
sont autant de bouts d’éternité sous lesquels sous lesquels nous nous enfouissons,
des cascades enveloppantes, des tunnels interdits aux murs dorés.
Nous y trouvons des champs fleuris ininterrompus.
Nous montons et disparaissons un peu plus.
Nous sommes partout.
Avant-jour, nous nous trouvons.
Nous sommes dans le cristal de l’âme.
Sabine HUYNH
Que composer dare-dare
de sincère et de simple
avec ces mots composés-là ?
Comment faire rimer
le déjà-vu avec le synchrone,
rythmer le tic-tac actuel
avec le plus-que-parfait
et lambiner l’avant-jour pressé
pour que dure encore un peu
cet hivernage dans tes bras,
pourtant à des années-lumière
des miens ?
Garder les yeux fermés,
pour que le rêve de ta présence
ne me quitte point.
Anna JOUY
Poker.
j’avais un gobelet, dedans roulaient dare-dare
les chiffres du hasard
je jouais à miser le tic-tac des années-lumière
je gagnais à ce poker des étoiles synchrones
zodiaque aligné, j’étais tenant la main du ciel
mon gobelet a changé de crèmerie
il secoue des mots, des syllabes, l’alphabet
ce qui tombe quand je verse écrit
l’avant-jour à venir,
des runes célestes illisibles.
Jean LE BOËL
horloge
toi qui disais l’heure
tu ne nous berces plus
de ton tic-tac
tes aiguilles ne font plus tourner le temps
dans le cercle des heures
la treizième n’est plus la première
à peine survis-tu dans des cadrans
où les chiffres égrenés jouent avec les mots
Vingt heures vint
Cédric LE PENVEN
Je nomme cet arbre frêne-frère, non parce qu’il me ressemble, mais parce que nous habitons la même année-lumière.
J’observe le bousier. Son obstination pèse sur les crochets de ses pattes avant. Il déplace un monde en reculant. Je le nomme bousier-frère, lui-aussi.
Nos révolutions sont aveugles.
Isabelle LÉVESQUE
Ce serait sans voix l’écho assorti d’une plainte :
année-lumière glissée dans le cornet de la voix
synchrone du silence, tic-tac
aveugle du temps.
Béatrice MACHET
Tic-tac tic-tac … tock-tick….
depuis le lointain passé
le plus-que-parfait
est capable de
se métamorphoser
en im-parfait.
Cet indicatif prévoit-il
adelante
un futur ?
_________________________________________________________________
*
A-t ’on jamais vu une année-lumière
lambiner
s’égarer dans l’immense univers ?
Ou encore hiverner dans le grand vide où rien,
aucun abri ne protège du froid intersidéral ?
Qui la croirait capable d’intention ?
Christophe MANON
tic-tac le temps s’écoule et file dare-dare le temps tourne et s’enroule autour de lui-même il fonce et tourne tic-tac le temps tourne vite si vite encore plus vite encore le temps s’enroule et tourne tourne et s’écoule à toute vitesse tic-tac le temps passe et déjà tout s’efface
Amandine MAREMBERT
le geai des chênes change de branche
emporte du ciel sur ses ailes
bouge le marron des terres
à l’avant-jour
il paraît gai malgré son e
Simon MARTIN
LEÇON AUX IMPÉTUEUX
Avant d'être un oiseau
soyez une borne
et avant
un galet de rivière
lesté au fond du courant.
Faites l'expérience de votre pesanteur,
de votre attachement.
Lambinez !
La grâce viendra plus tard,
un autre jour, peut être.
Samuel MARTIN-BOCHE
Peut-être sont-ils éteints
Depuis des siècles
Les poèmes qui brillent
À des années-lumière
Dans la nuit d’été
Qui peut dire ?
*
Dare-dare
Enfiler son ombre
Pour sortir
Aux premières notes
D’avant-jour
Et s’apercevoir
Avec cet air
Énigmatique de déjà-vu
Qu’on marche
À l’envers
*
Combien d’années-lumière
À travers l’espace et le temps
Ont-ils parcouru les mots
Qui viennent aujourd’hui
D’un lointain hivernage
Se déposer ici un à un ?
Cédric MERLAND
Depuis la nuit dernière
les nuages filent
dare-dare
à la vitesse de nos rêves
*
Dans le tic-tac
de la lune
du soleil
tes yeux pour dire la nuit des temps
*
l'avant-jour
déjà-vu
se met à nu
à minuit
*
oser oser
traduire
dare-dare
pour rire
les océans nous
regardent
ces années-lumières
de nos souvenirs
*
plus loin la plage et les rochers
pour rythmer parfois
les océans
*
et si l'avant-jour
se laissait
emporter
dans une trousse de maquillage ?
*
Chaque grain de ta peau
devient les années-lumières
de ma mémoire
Sébastien MINAUX (Alexis BARDINI)
Dans l’hivernage
De nos pensées
Le temps est à nos pieds comme un chien assagi
Simone MOLINA
Pour François Coudray
de Montevideo à Istanbul
à tous les temps
écris ton désir
sans lambiner
sans hiberner
par tous les temps
les mots vont rythmer ta vie
sur le guéridon de l’enfance
entend
le tic-tac plus-que-parfait
d’une horloge synchrone
à tes attentes
tu cueilleras l’avant-jour
à des années-lumière du déjà-vu
de Ljubljana à Jérusalem
libre sera ton poème
sur la flèche du temps
Guylaine MONNIER
Quand je serai grande
j’aurai un rêve ou deux
Je prendrai le second
et le mettrai
hors de portée
du premier
1 er
le guetter par la fenêtre
(film ou conte — intérieur jour ou nuit)
2 e
monter des chevaux
pour être le grand galop
(dare-dare — extérieur jour ou nuit)
*
rencontrer des marelles, tic-tac, sauter au ciel
gravir des échelles d’allumettes
et atteindre le petit bois
*
Quand tu dis j’ai le droit de chanter
quand tu tapes et sautes
tu parles de carrosses et de sorcières
tu rigoles par la fenêtre, des grelots dégringolent
tu montres en bas l’herbe touffue sous les orteils
plus-que-parfait, tous tes pas à venir
Orianne PAPIN
Pas facile de trouver sa place
en venant si tard
au monde
je n’inventerai ni le feu
ni les mots
ni l’amour
je ne nommerai aucune mer nouvelle
je n’aurai pas l’idée du cœur artificiel
peut-être qu’à mille années-lumière
on entend déjà le sort
de nos arbres
mais moi
de demain
je ne me souviens encore de rien
alors je dénoue mes cheveux
pour m’alléger du bruit
de ceux qui parlent fort
et je laisse juste le jour
me mettre l’aube à la bouche.
Jean-Baptiste PEDINI
Le ciel frissonne
derrière la vitre
on est à des années-lumière
d’une saison vivante
au moins d’un mouvement
l’ennui s’efface dare-dare
dans un soupir déjà blanc.
Thierry PÉRÉMARTI
osez dare-dare
vous lever à l’avant-jour
osez-osez et ne lambinez point
oubliez les hivernages devancez la saison
rythmez votre pouls au tic-tac du cosmos
des astres et du mouvement synchrone
qui nous agite depuis le premier jour
aucun déjà-vu rien d’avance n’est connu
mais tout renaît se recommence
depuis des années-lumière
tout entendez-vous tout
est parfait et même plus-que-parfait
tout est à découvrir sans attendre
osez vivre à tous les temps de la vie
Grégory RATEAU
On a tous un paysage synchrone en mémoire
ici une barque
au repos sur le rivage
le mouvement pétrifié
dans son entonnoir de vase
vaisseau fantôme sans destination.
On a tous un rapport douloureux au temps
qui n’attend plus
même pas le passant que nous sommes
adossé et rêveur face au lac
le soleil fatigué d’attendre lui aussi
et déjà posé sur l’autre rive.
Clara REGY
Déjà-vu :
-Un steak dare-dare ?
-Un tic-tac à la menthe ?
Quand l’hiver-nage coulent des mots
« fous-fous » dans mon cerveau
*
L’année-lumière est l’ampoule
De l’avant-jour
Pour arrêter le temps
Les amoureux synchrones
Lambinent toujours
Richard ROGNET
Quel déjà-vu traînasse, lambine
à une année-lumière
de notre coeur en hivernage ?
Parfois, plus-que-parfait,
du moins nous le croyons,
notre sang serait-il
le tic-tac d’un avant-jour,
peut-être même d’un après-nuit ?
qu’il faudrait rythmer
sans lassitude, sans regrets,
jusqu’à rendre synchrones,
rapidement, dare-dare,
notre naissance et notre mort.
*
Désolation du monde
La mitraille féroce
allume et rythme des souffrances
plus noires que le noir
qui n’avoue rien -
linceuls souillés, boueux,
poids des vies déracinées,
friables bouquets d’espoirs,
racines illisibles, sang
mêlé au sang, chemins
défoncés, étoiles veuves -
saisons agenouillées
sur les impasses de la vie,
comment vous reconnaître
dans une lumière qui déchire
plus qu’elle n’éclaire ?
La mitraille en appelle
d’autres - on avance
comme on peut, les oiseaux
se volatilisent, les brasiers, non.
James SACRÉ
Dix mots qu’on vient de ramasser
On voudrait des mots solides
Te les lancer lecteur comme on lance une pierre.
Dix mots qu’on ramasse
Dont six qui comportent des tirets, c’est quoi
Un tiret à l’intérieur d’un mot :
Lien entre deux notions
Ou fêlure dans ce qu’on rêvait d’écrire ?
Année-lumière est un soleil, sûr
Mais quand même qui va s’éteindre un jour
Comme c’est le cas chaque trente-et-un décembre.
Dare-dare et tic-tac
Sont comme le bégaiement d’un corps
Ou d’une parole :
Deux parties séparées d’un mot
Voudraient se remettre ensemble. Déjà-vu
Ramasse le présent avec du passé
Mais garde les deux séparés ; assez comme fait l’avant-jour
Entre la nuit disparue et l’aube qu’on imagine.
La perfection d’un solide présent n’est jamais là.
Le plus-que-parfait n’est qu’un imparfait qui s’éloigne
Avec ses deux tirets mal affirmés.
S’il n’y a pas dans tous les mots un tiret qu’on ne voit pas ?
Vérifiez donc avec les quatre qu’on n’a pas lancés.
Florence SAINT-ROCH
Bien à l'abri dans ta tête
Des galaxies en hivernage
Des milliards d'étoiles en sommeil
Dare-dare réveille-les
Maintenant veut briller !
Pauline SAUVEUR
à des années-lumière du fond de la tanière
au bord de la nuit dehors
l’avant-jour luit
sans bruit c’est l’hiver, hier s’évanouit
le vent souffle et file sur les hauts-plateaux
au chaud sous la terre cœur de velours
ami tranquille animal dort
Jean-Marc SOURDILLON
Cela n’aura duré qu’un court instant,
Le temps du passage d’une abeille sur la terre,
Toi moi notre maison les fenêtres ouvertes.
Mais qu’importe puisque ce sont nos années lumières,
Tant de beauté de durée de présences singulières,
toi moi, nous éclairant mutuellement dans le temps
Et le vent, les chats, la pluie, les fruits, les enfants,
Toutes les fenêtres ouvertes sur la terre,
Sur notre frêle terre pleine de lumière et de temps
dans l’immense nuit stellaire sans fin ni commencement,
la claire terre-lumière, son battement, son instant
et notre oeil bien vivant, bien ouvert.
Maud THIRIA
à l’avant-jour
à l’avant-mer
attendant dans l’estran balancée
ventre sur galets
langue sur sel
que vienne la vague articulée
montante lente dévorante
labiale dentale musicale
– rythme d’un déjà-vu
sans cesse
recommencé –
Christian VIGUIÉ
Avant-jour
A l’heure où rien ne croît
à part ronces et tristesse
et vent sous la porte
lune et étoiles indiquent leur muette distance
J’ai beau dessiner dans le ciel
Petite et Grande Ourse
Orion et Dragon
pointer du doigt Altaïr
étoile bleue
étoile de l’Aigle
ou l’étoile de même couleur Véga
je me persuade que la nuit est la nuit
Pourtant une légende veut
que Véga soit une fileuse
fille d’un dieu
et Altaïr un pauvre garçon boucher
Grâce à cela
au mois de juillet
il y a comme un avant jour
quand s’envolent toutes les corneilles de la Terre
pour former un pont sur lequel
la fileuse traverse la Voie lactée
et retrouve son garçon boucher.
Pierre VINCLAIR
DEUX HAIKUS
1.
à l’hivernage, un
tic-tac d’une année-lumière
rythme l’avant-jour
2.
déjà-vu synchrone
qui lambine dare-dare
au plus-que-parfait
Adeline YZAC
tic-tac tic tac
deux palombes sur le pré
conjuguent au plus-que-parfait
quatre mots et trois refrains
font rythmer font rimer
– dare-dare et pas une à lambiner
tic tac tic tac
font rythmer font rimer
synchrone et sans souci
les années-lumière
avec les avant-jours
tic tac tic tac
et cela va de soi
avec les abat-jours
tout ceci bien sûr
comme déjà vu
sur fond d’hivernage
toute neige à l’appui
et à l’aplomb
tic tac tic tac
de la belle saison
Mary-Laure ZOSS
Reppaz
ici la pente saisit les murs au collet ;
la forêt menace
de glisser
jusqu’aux fenêtres ;
lourde, la terre des jardins,
remuée
par les labours d’hivernage ;
ils y retournent des bouteilles vides
le vent s’y engouffre
- assourdit les campagnols
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